Memories of the past

Heathcliff était arrivé à la Nouvelle-Orléans la veille, et avait loué un appartement à un prix abordable. Il était loin de faire les choses comme n'importe quel vampire, puisqu'il avait remarqué au fil des années que la plupart étalaient les richesses gagnées ou volées en achetant des manoirs gigantesques et luxueux. Un moyen comme un autre de se faire remarquer. Il n'était pas stupide, et savait faire les choses intelligemment. Jamais aucun chasseur de créatures surnaturelles n'avaient réussi à mettre la main sur lui, et c'était pour de très bonnes raisons. Il savait se fondre dans l'ombre, ne faire qu'un avec elle, et maquiller sa folie derrière une apparence calme et sereine. Il était satisfait d'être arrivé dans la fameuse ville, connue pour être habitée par de nombreuses créatures surnaturelles, sans encombres. Il était loin d'avoir préparé encore tous les détails des prochaines activités auxquelles il s'adonnerait, mais cela ne plairait certainement pas à beaucoup de monde.

Il était descendu dans le Quartier Français, domaine des vampires. La guerre des clans qui se préparait ne lui permettait pas encore d'aller titiller les loups-garous, ou encore les sorcières. Ce temps-là viendrait, plus tard. Un fin sourire se dessina sur les lèvres du vampire alors qu'il imaginait déjà plusieurs scénarios qui pourrait lui permettre d'avoir quelques sorcières à son service. La magie n'avait jamais revêtu d'intérêt particulier à ses yeux, mais les plus puissantes sorcières étaient capables de venir à bout de simples vampires en un claquement de doigts. Cela lui serait fortement utile pour aider une disparition si jamais le besoin s'en faisait sentir. Mais si les sorcières étaient de possibles avantages, il avait également hypnotisé quelques humains qui l'informaient de la situation dans les autres parties de la ville. Les humains étaient moins dangereux, parce qu'incultes en ce qui concernait le surnaturel et le risque qu'ils se retournent contre lui était si bas qu'il ne s'en inquiétait pas. Bien que des génies ne courent pas les rues dans le coin, ses informateurs étaient suffisamment futés pour ne pas se faire prendre. Dans le cas échéant, Heath avait tout de même tout prévu.

Il était justement au téléphone avec l'un d'entre eux lorsqu'il heurta une personne. Le choc lui fit perdre son portable, qui s'écrasa dans un bruit sourd. Un soupir réussit à franchir la barrière de ses lèvres alors qu'il se baissait pour ramasser les morceaux du défunt appareil. Fort heureusement, son larbin lui avait déjà raconté le plus important et le reste n'était que futilités. La technologie la plus innovante était souvent la plus fragile et cela avait le don de l'agacer. Il releva la tête et croisa un regard familier.  « La Nouvelle-Orléans semble décidément attirer les vampires comme la lumière attire les nuisibles. » Heath ne commençait jamais une conversation normalement, c'était devenu une habitude. Freya, il l'avait rencontré il y a de cela plus d'un siècle, et les moments qu'ils avaient passés ensemble avaient été plutôt agréables. Bien que la jolie vampire ne soit guère différente des autres vampires, il trouvait que son côté sanguinaire et mauvais donnait une certaine étrangeté à ses traits innocents. Une certaine beauté se dégageait de son cœur qui ne s’appesantissait pas des meurtres commis.

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Heath regardait d'un air amusé la vampire qui avait été sa compagne de chasse et qui s'était retrouvée de nombreuses fois sous ses draps. Elle non plus n'avait pas changé, et c'était tout à fait normal si l'on considérait que le temps n'avait plus d'emprise sur eux. Même psychologiquement, il sentait qu'elle était restée la même. Elle ne se serait jamais mise à boire du sang animal pour appartenir à la catégorie des vampires dit "végétariens". Il s'était intéressé à ces cas-là, et il en résultait que c'était par un désir d'humanité que la plupart faisaient ce choix. Bien que courageux, ça n'en restait pas moins stupide. Boire du sang humain ou du sang animal n’effacerait jamais la nature profonde d'un buveur de sang. Un vampire resterait un vampire, quoi qu'il advienne. « Si je suis ici, c'est pour espérer répondre positivement à ta question. » La Nouvelle-Orléans était pour lui comme un nouveau parc d'attractions. Il était prêt à payer n'importe quoi pour tout essayer. Les tensions des habitants de la grande ville allaient lui permettre de reprendre ses plus vieilles occupations, dans une ambiance des plus plaisantes et, du moment que tout se déroule selon ses plans, il ne pourrait pas aller mieux. « Mais le plaisir est partagé. » Même si ce n'était pas évident à voir chez lui, il était heureux de retrouver Freya. Il n'avait pas de liens spéciaux avec d'autres vampires sanguinaires, simplement elle. Il ne savait pourquoi c'était Freya en particulier, peut-être parce qu'elle était la plus mauvaise d'entre tous ? Ou peut-être parce qu'elle reflétait ce qu'il était le mieux. Un monstre. Dès qu'il la voyait, il pouvait sentir cette bestialité émaner d'elle, et l'on ne pouvait que s'incliner devant la force de sa cruauté. Chez lui, c'était plus subtil. C'était une aura ténébreuse qui faisait frissonner, c'était cette petite lueur diabolique qui dansait dans ses yeux, et que l'on ne remarquait que si l'on faisait attention.

Il la saisit par le bras pour l'emmener à la terrasse d'un café qui n'était qu'à quelques pas. Quitte à discuter, autant le faire assis. C'était tout de même moins étrange et plus agréable. Il s'installa à la table la plus proche, et la plus isolée. Leur discussion allait peut-être inclure du sang, des boyaux, et des méthodes de torture alors inutile que des oreilles indiscrètes entendent leur conversation. Il ne tenait pas à ce qu'un fragile humain s'évanouisse. « Alors, quel est le résultat ce siècle passé en solitaire ? » Il croyait pouvoir dire que, depuis qu'ils s'étaient quittés, elle avait été seule. Après tout, les vampires trop sanglants étaient souvent seuls, trop écartés des autres pour pouvoir trouver une réelle compagnie.

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Heath avait toujours apprécié agir seul, puisqu'il considérait qu'être accompagné d'une autre personne était se causer des problèmes inutilement. Il préférait ne prendre en compte que ses propres actions. Pourtant, ce n'était que lorsqu'il s'agissait de plans incroyablement bien organisés et machiavéliques qu'il était solitaire. Lorsqu'il désirait céder à ses pulsions sanguinaires, une compagnie était toujours la bienvenue. Et il appréciait surtout celle de Freya. Lorsqu'ils étaient ensemble, ils étaient simplement deux monstres qui ne connaissaient ni les regrets, ni la pitié. Ils étaient différents, mais ils se complaisaient dans le sang et la mort. Dans les cris et la souffrance, au milieu de tortures trop inventives pour sembler humaines. « On trouve parfois l'ennui dans la solitude. » répondit-il à ses paroles. Lui avait le don de n'avoir jamais avoir réussi à s'ennuyer. Son esprit était constamment occupé par des pensées parfois incohérentes les unes aux autres. Ce n'était donc pas par ennui qu'elle lui avait manqué, c'était tout simplement par sa présence, par son caractère, par leurs soirées sanglantes et excitantes passées ensemble. Elle donnait à sa vie un goût pimenté, c'était une tornade énergique qui l'étonnait toujours.

Freya lui fit un rapide résumé de ses actions lors du siècle dernier qui le fit sourire. Lui-même avait été assez occupé, il avait agis en criminel dans plusieurs pays, des enquêtes avaient été ouvertes, et n'avaient jamais abouti. Comment de simples humains auraient pu réussir à arrêter un vampire qui était un tueur en série depuis bien trop longtemps. « Je dois avouer que la touche féminine que tu ajoutais à nos meurtres me manquait. » Il eut un petit sourire taquin. C'était sa façon de dire qu'il la considérait comme une amie de vieille date, qui le resterait encore longtemps puisque tous les deux n'étaient pas du genre à se prendre la tête, du moins pas de la même façon que les personnes normales. Il s'adossa à sa chaise d'un air désinvolte. « J'ai causé de nombreux problèmes à de nombreuses polices de nombreux pays. Bien évidemment, je ne t'apprends rien en te disant que j'ai eu quelques aventures sanglantes. Et j'ai dû tuer le temps en trouvant d'autres méthodes de tortures qui se sont révélées très ... efficaces. »  Il repensait encore aux pauvres cobayes qui subissaient ses expériences machiavéliques. Heath n'était pas seulement un tueur et un psychopathe, comme certaines personnes devaient le penser. Il était un esprit brillant qui tentait de s'exercer dans une voie qui était sombre et ténébreuse. Le monde avait évolué en cents années, et lui aussi. Il s'était adapté, et avait même appris à maîtriser l'informatique, où il excellait désormais. Il avait appris d'une personne douée dans le domaine, et s'était débrouillé pour utiliser ces connaissances pour s'informer de choses qu'il n'était pas sensé savoir en toute illégalité. « Que fais-tu ici ? »

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