Coucou maman ,
Je sais que tu n'es pas ma mère mais tu vas m'écouter, petit carnet, comme une maman aurait du le faire. Bien sûr, je ne suis pas folle, jamais tu vas me répondre. Tu vas garder mes secrets et ce que je ressens. Il ne faut jamais que j'oublie ces sentiments qui me guettent. Comme une douce mélodie qui malgré mes efforts finissaient toujours tragiquement. Avais-je fait quelque chose de mal ? Mes parents étaient-ils tombés dans un terrier de Lapin Blanc ? En tout cas, je suis toute seule maintenant. On m'avait encore abandonné, encore et toujours. La Méchante Reine m'avait-elle maudite ? C'était en tout cas, ce que je pensais. Il n'avait pas d'autres explications. J'avais été gentille, faisant ce qu'on m'avait dit de faire. Mais ils m'avaient tout comme mes véritables parents laissés sur le porche de l'orphelinat. Ils m'avaient souris, leurs yeux reflétant un regret, puis un bruit de moteur, de la fumée et l'ombre de la voiture qui se dégageait au loin. J'étais de nouveau seule. Pourtant, je m'étais sentie bien dans cette famille, ils avaient été gentils avec moi, ils voulaient me faire découvrir les joies de l'enfance et d'avoir des parents. Que s'étaient-ils passés ? Ils étaient vrais que nous étions compliqués, les orphelins, mais la vie ne nous avait pas donné beaucoup de choses, elle ne nous avait pas fait de cadeaux. J'avais déjà vécu à l'orphelinat, c'était un endroit horrible où toutes les âmes d'enfants seuls étaient condamnés à rester. Leurs systèmes ? Rares étaient ceux qui arrivaient à s'en sortir. Une roue vicieuse ! A chaque famille d'accueil, je ne pouvais pas retenir mon espoir qui commençait à s'éveiller. Un espoir qui voulait que je parte de cet endroit. Mais quelque chose nous retenait ici, comme un sortilège. On n'était pas unique dans l'orphelinat, on se ressemblait tous, nos parents nous avaient traités avec une indifférence, d'autres n'avaient qu'un seul souvenir d'eux, ils nous avaient abandonné. Ils nous avaient laissé sans une once de remord. On est tous seul et on ne le comprend pas. On n'est pas si mauvais que ça ? Que j'aimerais avoir une maman, et un papa. Lorsque je marche dans la rue, je vois des mamans tenir leurs bébés. Avant de m'abandonner, m'avait-elle tenu ainsi, regarder ainsi ? J'en doute sincèrement. Cela faisait mal de se savoir abandonner, comme si on était forcément pour quelque chose. On ne connaissait pas l'amour, on ne commençait que la solitude, le mépris et surtout la rue. Nous ne sommes pas privilégiés. Mon rêve est de partir loin de ces mensonges, loin de ces adultes cupides et profiteurs. Je veux aller au pays imaginaire, voir Peter Pan. Là-bas, nous les enfants perdus de ce monde seront sans doute accueillis les bras ouverts. Oh que cela serait bien, je les laisse dans leurs pays de merveilles là où les hommes sont tous fous et méchants avec les enfants. Mais pourquoi personne ne nous laisse aller ? Aiment-ils nous voir souffrir , nous les enfants invisibles ? Ce sont des questions que je me pose parfois, mais je n'ai aucune réponse qui vient donner du sens à tout ce cirque.

C'est l'heure du dîner, faut que j' y aille avant qu'il n'a plus rien. Bisous, bisous, à plus tard.