Un jour de plus qui s'achevait dans ta vie monotone. C'est dingue quand on y pense. Tu es une chasseuse de créatures surnaturelles, tu mènes une vie trépignante que beaucoup doivent envier et pourtant... Tu es lassée par ce train train quotidien que tu as emprunté dès ton plus jeune âge. Du moins emprunté, ce n'est pas comme si quiconque avait pensé te demander comment tu considérais la situation, on t'y avait poussée dans le train, ouais. Tes convictions n'étaient néanmoins pas ébranlées et c'est ce qui gardait ton esprit alerte en dépit de ton actuelle humeur. « Si je n'avais pas emprunté ce chemin, si je n'avais pas été pour achever ces abominations, quel innocent aurait péri ? ». C'est bien la seule question qui te fait tenir, ces jours-ci. Et bien entendu, ton père ne voit rien de ton désespoir, ou du moins fait semblant. T'essayes d'être la moins implicite possible. T'as besoin de ton père pas de ton mentor-patron ou je ne sais quoi, merde à la fin. Tes pensées s'embrouillent doucement tout comme ta vision suite à l'offensive des larmes. Amertume, colère et honte se mélangent te laissant un étrange goût métallique dans ta bouche.

T'avances néanmoins. Tu ravales tes sentiments, cette tristesse qui t'englue, cette impression de jouer sans cesse la comédie qui te poursuit. Tu ravales tout ça, sachant qu'un jour il faudra bien les déglutir, les recracher avant que toute cette merde ne tord tes boyaux. Mais pas aujourd'hui, non. T'avances. La nuit a vêtu de sa noirceur les rues. Tu t'enfonces dans les petits chemins que nul n'emprunte. T'en as marre de la foule, t'en as marre des regards, des visages qui te rappellent juste que derrière certains un monstre est probablement tapi. T'avances. Pensive, tu lèves la tête. La nuit est douce, la nuit est belle. La solitude, l'air frais te font un bien fou. Tu ne prêtes même pas attention au peu de personnes qui flânent à tes côtés. c'est la collision. La douleur te réveille de plein fouet. Tu ne sais absolument pas ce qui s'est produit, l'enchaînement des évènements d'échappe totalement. Tu regardes autour de toi et prends conscience de la situation. Une jeune femme est actuellement sous ta personne. Sur le coup, tu t'immobilises. Le réflexe de la position latérale de sécurité mentale.

« Je suis vraiment vraiment désolée, je ne sais absolument pas ce qui s'est passé. Ce genre de choses ne m'arrive pas normalement. Oh mon dieu... Vous n'avez rien j'espère ? »

C'est pas tant l'accident qui te bouleverse, c'est l'accumulation même des évènements. Quelques secondes te suffisent à remarquer que tu as toujours élu domicile sur l'inconnue. Tu te lèves maladroitement, gênée par la situation et tend une main à la victime de ta maladresse. T'es quelque peu surprise de la force dont tu fis preuve pour soulever la jeune femme mais n'y prêtes pas davantage attention. Face à face, dans un silence qui te parait long et pesant, tu ne peux retenir un rire nerveux. Tu tentes de l'arrêter, mais il semble décider à reprendre de plus belle à chaque tentative.

« Je suis vraiment désolée, ce n''est vraiment pas drôle.. Mais bon voilà... Je suis... Enfin bon.. »

Tu lui lâches un sourire confus mais rempli de bons sentiments. Tu te demandes comment tu aurais réagis si les rôles étaient inversés. Tu chasses néanmoins cette idée de ton esprit. Faites qu'elle soit plus conciliante que toi.